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Photo du rédacteurLe roi de Finlande

Le phare de Cala Nans

Petite Prose


Depuis Cadaqués, un balcon sur la mer. La nuit. Une contemplation tranquille. Au loin, au plus loin du visible, la lumière du phare de Cala Nans éclaire par intermittence l’infini maritime. J’imagine que les rais de lumière balaient aussi les cactus qui poussent à proximité, sur la rocaille du promontoire rocheux. Je me souviens des portes et fenêtres de ce petit phare découvert de jour. Des portes et fenêtres murées. Murées sur une vie qui n’est plus. Qu’y a-t-il encore à l’intérieur ? Le vide poussiéreux ? Du matériel de navigation ? Une table et deux chaises, où sont installés les fantômes de deux gardiens qui se racontent, depuis des décennies, les mêmes histoires de la mer, les mêmes légendes ? Devant le phare, sur la terrasse qui surplombe la mer, battue par tous les vents du diable, une silhouette se devine peut-être cette nuit, celle d’un vieux capitaine fumant imperturbablement sa pipe malgré les bourrasques, le regard fixé sur un rocher en contrebas. Sur ce rocher, se dessine aussi probablement une autre silhouette, celle d’une femme, d’une sirène. Chante-t-elle ? Oui, elle chante. Et seul le vieux capitaine entend son chant dans l’indifférence de la nuit, de la mer et des cactus. Son chant doit avoir la douceur des mélodies disparues et des voix chères qui se sont tues. Le temps, là-bas, n’existe plus. Aboli par le regard que s’échangent le vieux capitaine et la sirène, depuis toujours et à jamais.


Le phare de Cala Nans à Cadaqués, Catalogne, Espagne.

Texte et photo : Frédéric Viaux

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